©La Villa Amélie - LNA Santé
« Ouverte en février 2014, La Villa Amélie accueille 128 résidents, répartis entre deux unités protégées de 20 places chacune, et trois unités ‘classiques’ de 28 places chacune », explique Audrey Bockelee, la directrice de cet établissement situé à quelques kilomètres de La Rochelle. En 2016, l’EHPAD inaugure un PASA de 12 places. Destiné aux résidents des unités ouvertes souffrant de troubles neuro-évolutifs, mais qui ne nécessitent pas encore de transfert en unité protégée, il fonctionne du lundi au vendredi entre 9h et 17h30 et accueille une file active de 25 personnes. « Au début de l’épidémie Covid, les PASA sont fermés pour éviter le brassage des résidents. Mais nos deux assistantes de soins en gérontologie (ASG) PASA souhaitent mettre à profit leurs compétences afin de limiter les risques du confinement sur les résidents les plus fragiles. Elles vont donc effectuer les activités PASA en itinérance, en portant leur attention sur les résidents identifiés comme les plus à risque », poursuit-elle. Soixante résidents bénéficient de cet accompagnement individuel organisé entre 7h et 21h15. L’initiative, qui se poursuit jusqu’en juillet 2020, « fonctionne plutôt bien. Il nous fallait à présent essayer d’objectiver ce constat », note la directrice.
PASA itinérant vs PASA intégré
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Avec le soutien du Docteur Laure Jouatel, médecin gériatre et référente de la démarche SENS pour le Groupe LNA – une démarche collective qui vise à améliorer et faire évoluer l’accompagnement des personnes atteintes de maladies neuro-évolutives et leurs proches, que les deux femmes pilotent ensemble –, l’établissement participe alors à une étude visant à évaluer l’impact des PASA atypiques sur les troubles du comportement des résidents, mais aussi sur les équipes soignantes au sein des unités de vie. « Trois mois durant, La Villa Amélie expérimente le PASA itinérant, c’est-à-dire une structure sans lieu dédié mais avec les interventions d’une équipe PASA dédiée, tandis que La Villa d’Épidaure, situé à La Celle-Saint-Cloud dans les Yvelines, teste le PASA intégré, sans lieu ni équipe dédiés. Les activités thérapeutiques sont ici réalisées par les ASG des unités de vie », explique le Dr Jouatel. Cette différence majeure permet au PASA itinérant de fonctionner de 7h à 21h15, comme lors du premier confinement, et de proposer aussi bien des activités individuelles en chambres que des ateliers collectifs par petits groupes. Le PASA intégré, lui, est opérationnel entre 10h et 17h, et offre pour l’essentiel un accompagnement collectif, en petits groupes également.
Une cohorte de 45 résidents
Le point commun de ces deux structures ? Des critères d’inclusion élargis par rapport à un PASA classique : maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés à tous les stades, symptômes comportementaux et psychologiques de la démence légers ou modérés, capacité à se mouvoir seul ou pas. « 25 résidents ont été inclus à La Ville Amélie, avec un âge moyen de 88 ans et un NPI-ES (inventaire neuro-psychiatrique équipe soignante) médian de 20 avant l’expérimentation, tandis que 20 résidents ont été sélectionnés à La Villa d’Épidaure, pour un âge moyen de 86,5 ans et NPI-ES médian de 16,5 », détaille le médecin gériatre.
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Des résultats très positifs pour le PASA itinérant
Trois mois plus tard, le NPI-ES médian est passé de 20 à 16 à La Villa Amélie, « avec une diminution significative de l’anxiété, la dépression et l’agressivité des résidents », note le Dr Laure Jouatel. L’effet inverse est constaté à La Villa d’Épidaure, où le NPI-ES augmente de 16,5 à 23,5 et s’accompagne d’une majoration de l’anxiété et de l’irritabilité des résidents. Pour comprendre ces résultats, les deux établissements effectuent un bilan qualitatif avec leurs équipes. « En ce qui nous concerne, le PASA itinérant a eu plusieurs avantages : il a permis d’individualiser l’accompagnement et donc de mieux prendre en soin la grande dépendance, ce qui n’est pas le cas d’un PASA classique. Il a en outre favorisé le croisement des regards entre les soignants et les ASG-PASA, et une montée en compétences des premiers », ajoute Audrey Bockelee qui évoque néanmoins « une dilution du nombre d’ateliers par rapport à un PASA classique », puisque l’un comme l’autre des PASA testés ont proposé 2 ateliers en moyenne par résident et par semaine.
Vers un PASA mixte à La Villa Amélie
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Pour le PASA intégré, si certains bénéfices ont été constatés par les équipes – en particulier une motivation accrue de certains agents pour devenir ASG –, « en travaillant en mode PASA à effectifs constants, c’est-à-dire sans ASG dédié, la charge de travail et le stress ont augmenté au sein des unités. Cela peut probablement expliquer les effets constatés chez les résidents », souligne la directrice en expliquant que La Villa Amélie s’est, depuis, dirigé vers un modèle de PASA mixte : si les résidents anxieux continuent d’être accompagnés par le PASA classique, les résidents apathiques ou agités sont désormais pris en soin par le PASA itinérant, qui favorise d’ailleurs « l’acculturation des soignants en matière d’interventions non médicamenteuses (INM). L’expérimentation l’a démontré : les INM ne sont pas réservées à un profil type de patient cognitivement atteint, et sont tout aussi pertinentes à des stades sévères de la maladie », précise le Dr Laure Jouatel.
Une nécessaire révision du cahier des charges PASA
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Toutes deux appellent aujourd’hui de leurs vœux la prise en compte de ce type de dispositif atypique par les pouvoirs publics : « La mise en place d’un PASA classique est très rigide : il faut une pièce de 150 m2, un jardin clos, etc. Nous espérons que les enseignements issus de cette expérimentation contribueront à faire bouger les lignes », indique Audrey Bockelee. « Il y a aujourd’hui une réelle volonté d’étendre le nombre de PASA en France. Il ne faudrait alors pas faire l’économie d’une révision du cahier des charges, pour ouvrir la voie à un financement des PASA atypiques par les Agences Régionales de Santé. C’est là un point essentiel car, comme nous l’avons vu, un PASA est possible sans lieu dédié, mais pas sans équipe dédiée », conclut le Dr Jouatel.
Article publié dans le numéro d'avril d'Ehpadia à consulter ici
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